par Mathilde (20 ans – Neuilly-Plaisance – Seine-Saint-Denis)
On juge toujours un livre à sa couverture. Mais pour connaître l’histoire, il faut faire un petit effort : feuilleter les pages, entrer dans l’écriture d’un autre, risquer de s’y perdre…La question est : sommes-nous un livre ouvert ou une couverture qui se donne à voir ?
A l’école, on nous apprend à ne pas porter de jugements hâtifs, à comprendre et respecter les choix des autres.
Pourtant, on ne nous apprend pas à faire nos propres choix, alors que nous en serions capables. Étrange métier que celui de conseiller d’orientation qui vient combler ce manque en nous proposant des carrières déjà tracées en fonction de critères, tels que l’offre et la demande ou le nombre de places disponibles dans les filières du lycée de proximité.
Comme si quelqu’un d’autre pouvait écrire à notre place les pages de notre histoire ! Ce n’est pas juste et c’est hélas trop souvent le cas. Il y a tant de mots qu’on aimerait dire, tant de phrases qu’on aimerait écrire, mais on ne nous écoute pas, on ne nous lit pas. Notre parole ne compte pas… seulement les notes et l’avis de la conseillère d’orientation.
Pour avancer, il faut continuer d’écrire…Encore et encore. Quand une page se tourne, une nouvelle s’écrit. Mais comment faire quand on ne sait pas quoi écrire ? On nous souffle des idées qui ne sont pas les nôtres, ou on commence des phrases qu’on ne finit jamais.
Lorsqu’on écrit son propre livre, chaque mot peut être réécrit, modifié. On peut même choisir la fin. Heureuse ou non, il y en aura toujours une. On peut même déchirer une page si on le veut et recommencer. Quoi qu’il arrive, les chapitres suivants seront les meilleurs.
L’école nous impose le choix trop tôt, trop vite, trop brutalement, souvent vers des métiers que nous n’avons pas choisis, au prétexte que nous n’arriverons pas à poursuivre nos rêves car nous ne serions pas assez doués.
Après tout, c’est nous les écrivains, nous qui devrions choisir la fin du bouquin et il faudrait nous y aider. Ce dont on a besoin, c’est de l’écoute et de l’attention à notre histoire. Que notre plume soit reconnue et entendue. Que la lecture que l’on fait de nous ne se base pas seulement sur le titre de la couverture ou le résumé qu’il y a au dos.
Les auteurs c’est nous! Faisons en sorte d’avoir le dernier mot. Le mot de la fin, celui qui rendra notre œuvre encore plus belle car ce sera la nôtre.