Le reportage (finalisé en mars 2014)

CONTEXTE : Dans certains établissements scolaires, le personnel pédagogique doit faire face à des incivilités et à des actes de violence auxquels ils ne savent pas toujours répondre générant un fort sentiment d’impuissance. Un rappel de la règle et de la loi semble une réponse appropriée pour aider les jeunes à prendre leur place dans la société et à devenir des citoyens à part entière.

AUX ORIGINES : Le magistrat Jean-Pierre Rosenczveig, devenu président du tribunal pour enfants de Bobigny, est régulièrement confronté à des jeunes, qu’ils soient en danger ou acteurs de méfaits, qui méconnaissent totalement le système judiciaire, mais aussi leurs droits et les moyens de les faire valoir. Il a alors l’idée de monter des actions permettant de sensibiliser au droit de façon ludique à travers notamment la reconstitution de procès. C’est pour les mener à bien qu’il crée l’APCEJ (Association pour la promotion de la citoyenneté et des jeunes) avec Bernard Bobillot, un éducateur de la Protection judiciaire de la jeunesse de Seine-Saint-Denis.

MISE EN ŒUVRE : Un établissement scolaire, un service social ou municipal fait appel à l’APCEJ pour reconstituer un procès avec un groupe de jeunes (âgés de 13 à 15 ans). Trois ou quatre séances de travail animées par l’association en collaboration avec le professeur ou un animateur sont organisées sur une durée de deux mois environ ; la première est essentiellement consacrée à la théorie (le fonctionnement de la justice, ses acteurs, les juridictions, les infractions…) mais aussi au choix du type d’affaire qu’il vont devoir juger (un assassinat, du trafic de stupéfiants, une agression sexuelle, etc.). Ce choix est soumis au vote. Le groupe reçoit ensuite un dossier décrivant l’affaire (quelques informations dont le jugement ne sont pas divulguées) avec, entre autres, les auditions des prévenus, témoins, etc. A noter que ce sont des vrais cas déjà jugés par le tribunal pour enfants de Bobigny. Lors de la 2ème séance, chacun va devoir endosser un rôle (témoins, accusés, avocats, experts, etc.) puis le travailler en étudiant le dossier, les éléments à charge et à décharge, les questions à poser lors de l’audience, etc. Les avocats sont tout particulièrement accompagnés pour les aider à trouver les bons arguments. Une projection du documentaire de Raymond Depardon « 10ème Chambre – Instants d’audience » est également au programme. Si le temps le permet, une 3ème séance est consacrée à une mini-reconstitution avant celle qui a lieu dans une salle d’audience du tribunal partenaire. Les magistrats et avocats revêtent les habits adéquats et le procès se déroule jusqu’à la sanction finale.

TEMPS FORT : La reconstitution du procès est le moment fort du dispositif ; lors de l’audience, les jeunes s’approprient leur rôle totalement, s’impliquent et ressentent parfois des émotions inattendues au moment de la sanction, toujours plus dure que celle prononcée dans la réalité. Celle-ci leur ai du reste divulguée après la reconstitution donnant lieu à un débat sur l’équité, les circonstances atténuantes, mais aussi sur le rôle protecteur de la justice.

ET DEMAIN ? : Les sessions en amont et en aval du procès sont trop courtes pour que l’action menée soit totalement satisfaisante, une action dont le succès repose en grande partie sur l’implication du référent et sur le travail fourni entre les séances. L’association souhaiterait pouvoir étendre son champ d’intervention.

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