Le reportage (finalisé en juillet 2013)

CONTEXTE : Marie Schuch est sculpteure plasticienne – elle travaille le verre et l’acier – et auteur. Elle a longtemps résidé à la Grande Borne, une cité située à Grigny, conçue à la fin des années soixante par l’architecte Emile Aillaud qui voulait en faire une cité d’artistes autant que d’architecte. D’où la présence d’œuvres d’art un peu partout dans la cité. Bien que vivant désormais à Paris, Marie Schuch y a gardé son atelier, toujours ouvert aux passants, et reste très attachée à ce lieu.

AUX ORIGINES : Marie Schuch côtoie régulièrement certains gardiens de la cité et notamment l’une d’entre elles à qui elle propose de la remplacer de temps à autre en réceptionnant des colis. L’idée germe alors d’entreposer des œuvres dans sa loge. Le concept était né. Pour le développer, Marie va s’appuyer sur son association « Métamorphose », créée en 2000, convier des artistes à y participer et recevoir des financements publics (Drac, ACSé, Préfecture et Conseil général de l’Essonne au titre des Affaires culturelles et de la Politique de la ville).

MISE EN ŒUVRE : Une fois par an, durant un mois, des gardiens volontaires – il y a en tout 37 loges dans la cité ; en 2012, 7 d’entre eux ont participé à l’opération – de la Grande Borne accueillent dans leur loge une œuvre d’art : peinture, sculpture, vidéo, bijoux, etc. Chaque année, Marie choisit un thème ayant trait au patrimoine architectural : « L’art a lieux », « Lieux dits », « Lieux sans séjours, séjours sans lieux », « Lieu exploré, le trottoir espace public », « Le mur, lieu et enjeux – espace de l’habité », « Fenêtre lieu commun ». Les artistes participants donnent vie à une création spécifiquement pour l’événement (nous en avons fait une sélection dans le nano-métrage). La plupart du temps, c’est le gardien qui choisit son artiste en fonction de ses goûts et des connivences. Cette étape dans la mise en œuvre du projet permet au gardien d’opter pour un travail dont il se sent proche et qu’il pourra s’approprier plus facilement. De fait, la présence de l’art dans ce lieu influe sur l’ambiance qui y règne, sur les conversations : les locataires interrogent le gardien sur son choix ou sa participation, car il arrive que l’œuvre soit le résultat d’un travail collaboratif entre l’artiste et le gardien. Selon Marie Schuch, ce lieu qui peut être négatif et lourd devient plus léger et une autre énergie s’en dégage. Ces rencontres entre gardiens et artistes ont débouché sur la création d’une œuvre monumentale par trois d’entre eux commandée dans le cadre de la rénovation urbaine après que les habitants aient validé le projet.

TEMPS FORT : Chaque année, Marie Schuch organise, en partenariat avec l’association Les Promenades urbaines, une visite des loges pour personnes ne vivant pas dans le quartier. Elles sont 80 en moyenne à suivre Marie le temps d’une journée qui outre la découverte d’œuvres d’art permet d’aller à la rencontre d’habitants de la cité et de mettre à mal certains a priori.

ET DEMAIN ? : Outre l’organisation annuelle de Loges©, Marie Schuch souhaite développer sa Maison d’édition, les Editions de la Ville basse, créée en 2010 et qui publie des ouvrages consacrés à Loges© et plus généralement à la banlieue. Elle a également lancé le syndicat d’initiatives de l’art, qui organise des circuits dans différents quartiers populaires, l’objectif étant d’expliquer les territoires avec une approche artistique.

ACTEURS ET CONTACTS :