L’équipe de Permis de vivre la ville et de Banlieues Créatives a souhaité réagir avec des mots ou des dessins à l’attentat contre Charlie Hebdo.

Envoyez-nous vos réalisations et nous les mettrons en ligne.

Banlieues Créatives est un media dont la ligne éditoriale est de valoriser celles et ceux qui via leur art, leur action associative, leurs paroles, leur énergie œuvrent pour changer l’image des quartiers populaires et la vie de leurs habitants. Stylos à la main, caméras au poing, nous nous attachons à rendre visible auprès du plus grand nombre ce que nous savons de la banlieue et que beaucoup ignorent, sa combativité et sa créativité. Car il en faut du courage et de la conviction pour lutter contre la misère, le manque de repères, le fatalisme. Ces femmes et ces hommes de bonne volonté sont en première ligne ; notre devoir en tant que média est de donner à voir les obstacles qu’ils franchissent, les batailles qu’ils mènent et les victoires qu’ils remportent.
Notre responsabilité est d’autant plus grande aujourd’hui qu’il y a urgence à ce que nous entendions ce que ces associations, ces entrepreneurs, ces artistes ont à nous dire… Nous avons imaginé Banlieues Créatives comme un pont entre des franges de la société qui se méconnaissent, s’ignorent ou se jugent. Parfois jusqu’à l’horreur. Aux lendemains de l’attentat perpétré à Charlie Hebdo, nous pourrions être gagnés par la rage et un sentiment d’impuissance. Il nous faut pourtant dépasser notre chagrin et continuer inlassablement à informer, à transmettre, à tendre le micro et à pointer notre stylo vers le ciel… la seule réponse à la barbarie.

Anne Dhoquois, journaliste, Banlieues Créatives

« Et demain ? Encore plus dur… ». Cette pensée qui a franchi l’espace de ma peine, le 7 janvier, était prévisible, car le tous azimut d’aujourd’hui prend des formes inimaginables.
Ma crainte ? La première ligne, réussir à ce qu’ensemble dans les territoires on puisse endosser la bonne attitude, celle qui donne du sens au mot « responsabilité » : être solides, irréprochables, grands, forts, résistants…
Le souci, le doute qui plane. Avons nous su ou pu faire ce qu’il fallait pour transmettre des valeurs ? Et surtout que valent-t-elles si elles ne sont pas accompagnées de véritables opportunités de réussite ?
Mais s’interroger, tout en marchant, car dans notre travail de la première ligne on est toujours sollicités par le quotidien banal avec son lot de gestes, d’attitudes, de propos inaudibles, brouillons, injustes. Et là, naviguer à vue en ayant à l’esprit nos amis musulmans et leur permettre de faire passer le message d’amour, propre à leur foi, pour marquer le précipice entre eux et l’inhumain.

Marcela Pérez, coordinatrice, Permis de vivre la ville

Il y aura un avant et un après Charlie mais il faudra continuer à se battre
pour qu’un jeune arabe qui affirme « Je suis Charlie » soit cru par tout le monde,
pour qu’on offre à certains jeunes d’autres rêves que la guerre sainte,
pour que l’unité nationale ne masque pas les divergences de solutions,
pour que la sécurité ne remplace pas la liberté,
pour que les jeunes de banlieue puissent continuer à rire, eux aussi.

Dimma Vezzani, comédienne, Permis de vivre la ville

Il fut un temps où l’Humanité ne connaissait que la violence pour avancer sur ce chemin bizarre que la Nature nous a assigné, pour maintenir et faire grandir cette flamme fragile de la civilisation et de l’intelligence. Après des siècles et des siècles d’horreur, nous nous sommes tournés vers nous-mêmes pour nous dire « Assez ! On a des moyens de vivre ensemble et d’avancer même si l’on n’est pas d’accord ».
Les conventions, les lois, les Droits de l’Homme, la liberté d’expression… Notre travail doit être de prendre ceux qui viennent d’arriver, les enfants, les jeunes, et leur rappeler en permanence que cette Histoire tragique de mort et de destruction peut s’arrêter. Que la lumière d’humanité et d’intelligence que chacun ramène dans ce monde doit être le rempart contre l’angoisse du « No future », la pauvreté de moyens et l’oppression. Trouvons cette petite flamme dans chaque jeune des quartiers et aidons la à ne pas s’éteindre, mais à grandir et à éclairer le chemin de tous.

Mario Planet, musicien